Tableaux dynamiques

Permettre au mouvement latent du tableau de devenir effectif, pénétrer sa surface, c’est ce qui est mis en œuvre dans ce film d’animation en images de synthèse 3D calculées au cœur de la matière électronique et de ses passages successifs d’un état à l’autre, de la granularité à l’aplat, du polychrome au monochrome, de l’ordre au chaos et présenté en boucle sous forme d’installation ou de simple projection.

Le réalisme reposant sur la mimesis de Platon est ici mis à mal par une conception du réel, non pas comme un arrêt sur une image figurant des apparences mais comme succession d’images en transformation constante selon une flèche du temps irréversible.

Si la réalité est une suite ininterrompue de transitions qui s’évaluent selon un système différentiel grâce à l’activité sensori-motrice, le choix de l’image de synthèse interactive, dans sa capacité à rendre le mouvement par interpolation entre un état de l’image et un autre, m’a semblé le plus approprié pour une telle animation, plutôt que l’image cinématographique, par exemple, qui ne restitue la fluidité du mouvement que par un instrument extérieur à l’image : la possibilité physiologique de la persistance rétinienne.

Hommage vibrant à Henri Bergson, philosophe de la durée dans Matière et mémoire, l’Evolution créatrice ou la Pensée et le mouvant, le Mandala Electronique est faît pour une gymnastique du regard qui doit s’adapter, se synchroniser, se couler ou éventuellement résister à la vitesse de plans texturés, formant un ensemble se fondant dans des tonalités lumineuses bleues, à la fois célestes et marines, dont le langage est lui-même, éminemment corporel. Big-bang répétitif, hypnotique, pulsation symphonique de rythmes biologiques et cosmiques l’animation rend visible quelque chose comme le déploiement topologique de la pensée, de l’énergie psychique vitale. Le Mandala est quelque chose « qui se produit », une entité matricielle en résonance avec les cycles de l’univers.

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